Ne plus lutter...     Ob' and Cliff

"Arrête tes bêtises, mon vieux. Ob' écoute-moi ! Ob'..."

Ob' ne veut plus entendre son frère. Il veut l'oublier comme il a oublié les autres. Tous ces autres fantômes qui l'ont délaissé pour une raison inconnue... Il pensait pouvoir compter sur eux, sur leur présence que rien ne pouvait gêner. Il se trompait. Il est si facile de se nourrir d'une illusion...

"Ob' ! Où tu vas ?"

L'air vaguement absent, le regard rivé vers l'horizon noir d'Arcain, rien ne peut aider Cliff à deviner la destination de son frère. Dans le brouillard qui tombe peu à peu sur les terres de l'Ombre, le jeune loup presse le pas en ignorant Cliff de plus belle. Cliff n'a aucune idée de ce qui l'assaille.
Aucune.


Ob' arriva devant un mur couvert de lierre sombre. A vrai dire, s'il avait ignoré l'emplacement de ce mur, Oblivion ne l'aurait pas vu et l'aurait pris pour un simple rideau végétal. Il leva la tête et plissa les yeux afin d'en distinguer le haut. Le ciel gris sombre des terres d'Arcain ne donnait aucun indice quant au temps qu'il faisait. Il aurait pu être recouvert de nuages tout comme il aurait pu être dégagé... Ob' avait pris l'habitude de voir ce genre de ciel au-dessus de sa tête. Les nuages ne le dérangeaient pas, et il s'estimait heureux lorsqu'il n'y en avait pas...

Ce soir-là, le brouillard tomba rapidement, mais la lune resta visible, éclairant le monde de sa paleur cadavérique. Les yeux d'Oblivion se mirent à luire. Leur éclat mauve éclaircit sa vision et il se cru transporté vers les terres de Neos...

Ob' regarda encore un instant le sommet du mur de vieille pierre. Puis il fit un pas. Il entendit un bruit sec. Une pierre était peut-être tombée derrière lui... Ou une branche dans le vent au loin... Il fit un deuxième pas. Il sentit le vent se lever et ébourrifer le pelage ras de son museau. Le vent ne cessa pas, mais n'accrût pas sa puissance pour autant. Ob' sourit d'un sourire serré comme il en faisait depuis quelques temps. Il n'avait pas peur. Cette présence qu'il ressentait lui faisait du bien. Il se sentait abandonné depuis trop longtemps...







Laissant son frère à ses protestations, Oblivion avança jusqu'à une ouverture dans le mur. Un loup aurait pu passer. Rien d'autre. Les cerfs n'auraient jamais pu entrer, les louveteaux n'auraient pas osé, et les autres animaux semblaient éviter cet endroit... Le vent souffla de plus belle. Ob' eu alors la certitude que ce déplacement d'air venait de l'ouverture. Il laissa le vent l'envahire. jusqu'à ce qu'il entende la voix qu'il lui portait.



Ob' sourit à nouveau...  



© Halloween